Recrutement Fédérale 2: Alan Sanillo, un avant argentin rejoint le RCAB

 

Tout sourire, Alan Sanillo se dit très heureux d’avoir rejoint les rangs du RCAB, au sein desquels il a hâte de démontrer ses qualités (photo Mathys Verrière)

Lorsque le groupe senior a validé son accession en Fédérale 2 à l’issue d’un match retour épique face aux Angles en 16es de finale du championnat de France, le staff technique et les dirigeants avaient déjà en tête un recrutement ciblé. Clément Vidal, le coach en chef et en particulier des avants, tenait à se renforcer dans ce secteur avec des profils bien définis, allant expérience et puissance. C’est un travail de longue haleine, qui demande de bien connaître le monde du rugby amateur, les mouvements d’effectif au sein des équipes. Pour ce faire, il est primordial de disposer d’un réseau de connaissances afin de trouver, non pas l’oiseau rare, mais au moins un joueur correspondant au profil souhaité, en fonction des moyens dont dispose le club.

“J’ai senti quelque chose de spécial ici.
Une connexion humaine, un esprit de famille.”

Cette recherche, au niveau du RCAB, a abouti au recrutement de cinq joueurs, pour ce qui concerne le groupe appelé à évoluer en Fédérale 2.
Le premier de ces nouveaux venus s’appelle Alan Sanillo, il est Argentin, est né à Buenos Aires il y a 29 ans. Le garçon fait impression par son gabarit, c’est le moins que l’on puisse dire, et pas besoin d’être un grand spécialiste du rugby pour savoir quelle place il occupe. C’est un première ligne « talonneur ou pilier des deux côtés » précise t-il.
Le garçon est large d’épaules, impressionnant, mais le sourire qui éclaire son visage comme sa voix douce vous incitent malgré tout à engager la discussion. On l’avait aperçu il y a quelques semaines de cela au stade Baudras, lorsque les dirigeants lui avaient proposé de venir découvrir les installations, avant que les travaux de rénovation ne débutent. On avait rencontré un garçon chaleureux, ouvert et s’exprimant fort bien en français, alors qu’il a rejoint la France il y a seulement deux ans.
Le voilà de retour depuis le mois de juin, après avoir fait le tour de la question des clubs souhaitant le voir rejoindre leur effectif. Il y a en avait plusieurs, en particulier Salles, un club de Fédérale 1 du Sud-Ouest qui lui faisait les yeux doux. Alors pourquoi avoir finalement choisi le RCAB ?:
« Ce n’est pas une question d’argent, pas du tout. J’ai senti quelque chose de spécial ici. Une connexion humaine, un esprit de famille. Tout le monde m’a bien accueilli. » se justifie-t-il.

“C’était mon rêve de jouer en France”

Toute la détermination d’Alan Sanillo se lit sur son visage lors d’un match en Espagne. (photo fournie par Alan Sanillo)

Alan, qui avoue « avoir dédié sa vie au rugby », ajoutant avec émotion «  c’était mon rêve de jouer en France » semble marcher aux sentiments, à l’humain et il s’est vite acclimaté à sa nouvelle vie.
S’il n’a pas encore trouvé de domicile fixe, il est logé jusqu’à présent dans des gîtes, la recrue andrézienne n’a pas tardé à s’insérer dans la vie active au coeur d’une pépinière, à Saint-Just Saint Rambert, où il fait déjà l’unanimité par son ardeur au travail et sa gentillesse. Le patron s’est même fendu d’un coup de téléphone pour signifier sa satisfaction aux dirigeants du RCAB.
Cette gentillesse, il la laisse au vestiaire lorsqu’il s’agit d’entrer en mêlée, de combattre, de défier l’adversaire. Au fil de la discussion, on sent bien son envie d’en découdre, d’être dans le vif du sujet. Il s’y prépare en enchaînant des séances de musculation qui impressionnent quelques-uns de ses jeunes partenaires auxquels il ne manque pas de donner quelques conseils avisés, tout en les chambrant gentiment.
Opéré d’un genou la saison passée sous les couleurs de Gaillac, son précédent club, il dit être remis complètement et attend avec impatience de rencontrer ses nouveaux partenaires, le 2 août pour la reprise de l’entraînement.
Ceux-ci ne connaissent pas l’histoire de ce baroudeur, qui ne peut pas se passer de boire quotidiennement son Maté, boisson si cher aux Argentins. Il nous l’a racontée en commençant par une anecdote. Ou plutôt une devinette ? Savez-vous ce qui a incité Alan Sanillo à pratiquer le rugby ? Eh bien un porte-clé ! : « Gustavo, le papa de mon cousin, est venu un jour à la maison et il avait un porte-clé à la main avec un ballon de rugby. A l’époque, je jouais au foot, comme tous les jeunes de mon quartier. Il m’a expliqué en quoi consistait le rugby et j’ai dit alors à ma mère : « C’est ce sport que je veux faire ! »
Elle va lui trouver un club, San Martin, le club de Patricio Albacete, international argentin renommé qui a évolué au Stade Toulousain et avec qui il est toujours en contact. Manuel Belgrano un avocat, va aussi l’aider à évoluer et à se faire un nom dans un championnat difficile où il fait ses preuves, malgré une blessure à l’épaule qui le handicape une bonne année.

De Buenos Aires à Baudras
en passant par Madrid

Plus costaud que la moyenne, il va passer du poste de 3e ligne à celui de « première barre » comme son modèle absolu, le redouté Rodrigo Roncero, autre compatriote connu pour sa carrière au Stade Français et sous le maillot des Pumas.
A 20 ans, Alan a plus que jamais en tête le rêve absolu de fouler les pelouses de France « parce qu’il aime beaucoup l’histoire française » et puis parce que c’est le Graal de beaucoup de ses amis argentins : « En Argentine, on payait 20 euros par match pour participer aux frais occasionnés. » se souvient-il. Un autre monde…
Mais avant de faire le grand saut, il décide, à 25 ans, sur les conseils du père d’un de ses amis de passer par la case espagnole. Il rejoint un club de l’élite, l’Independiente Santander, où il découvre le monde professionnel avant de filer trois ans après dans les Asturies, à l’étage inférieur, à Belenos, puis à Madrid, au sein de l’Ingenerios Industriales où le Covid va mettre fin à son contrat. Autant d’expériences qui vont malgré tout lui ouvrir les portes du championnat français.
Grâce à un ami prénommé Marcelo, qu’il considère comme un frère, il est recruté par Saint-Affrique, club de Fédérale 3, où ses prestations suscitent l’intérêt de Gaillac, pensionnaire de Fédérale 2 qui va à son tour l’enrôler. Avant qu’une virulente charge d’un adversaire face à Castelnaudary ne lui cause une sérieuse blessure au genou.
Opéré en février, il nous assure que tout cela n’est plus qu’un mauvais souvenir, tout en pliant son genou gauche. Il lui reste désormais à s’intégrer au groupe. Pour ce qui s’agit de la vie hors terrain, ça semble en bonne voie. Lui qui aime l’esprit de famille, la convivialité est servi au RCAB. Au terrain maintenant de délivrer sa vérité sur cet garçon attachant et humble.