Portrait: Victor Tinel, l’im(pack)teur

Même un essaim de guêpes givordines à ses trousses n’effraie pas Victor Tinel! (photo Léana Verrière)

Dans la vie de tous les jours, sa voix douce, ses yeux bleus et son sourire aussi large que ses épaules cachent ce qu’il est sur un terrain de rugby. Un rude combattant, un gladiateur impétueux, un perforateur de défenses insatiable,
« un beau bébé » qui allie puissance et explosivité. Dans la discussion comme sur le pré, il ne prend pas quatre chemins pour vous dire le fond de sa pensée.
Son credo ? « Attaquer la ligne avec le ballon, percuter les mecs (sic), gagner du terrain, mettre l’équipe dans l’avancée et plaquer tout ce qui se présente »
Un beau programme qui demande de disposer de moyens physiques conséquents, d’un mental solide et d’une intelligence de jeu que lui reconnaît son coach Clément Vidal : « Victor est une bête sur le plan athlétique, un joueur explosif et puissant. Il met son physique au service de son intelligence de jeu. »
Lorsqu’on lui fait part de ce compliment, il l’apprécie visiblement mais met un bémol : «  J’ai des progrès à faire au niveau de la vision du jeu, apprendre à me gérer davantage, moins me précipiter, faire moins de fautes. »

« C’est frustrant de te retrouver remplaçant
après avoir fait un bon match. »

Que « Vic » puisse mieux faire, ça paraît évident au regard de son énorme potentiel, qu’il soit malgré tout déjà considéré comme un élément indispensable au regard de ses performances alors qu’il fêtera ses 21 ans le 14 septembre prochain est tout aussi indiscutable.
Ce qui n’a pas empêché le troisième ligne aile du RCAB, qui explique pour taquiner son coach que « 7, ça me va bien mais j’aimerais jouer centre car on touche plus de ballons », d’être soumis au turnover instauré par Clément Vidal et Matthieu Llari.
En résumé, il a eu du mal à le digérer, même s’il a compris la démarche du staff : « C’est frustrant de te retrouver remplaçant après avoir fait un bon match. Tu te dis : « j’ai fait tout ça pour rien ».Tu as envie d’enchaîner, de montrer. C’est une réaction un peu égoïste mais en jeunes, quand tu as joué tous les matches, c’est difficile à accepter. Après, tu comprends que c’est pour le bien de l’équipe. Ça t’oblige à te remettre en question. »

« Il y a une grande solidarité entre nous.
On se parle beaucoup.»

L’osmose de l’équipe, sa mentalité, les résultats ont fait le reste : « On a fait une saison énorme et je ne m’y attendais pas forcément. Je savais qu’on pouvait faire quelque chose de bien parce que dès le stage d’avant-saison, il y a eu une envie de de jouer ensemble. Il y a eu quelques arrivées, des liens se sont créés et après deux années de Covid, on s’est tous dit que c’était la saison ou jamais pour montrer qu’on savait jouer au rugby. »
La connexion intergénérationnelle, clé souvent de la réussite d’un groupe, s’est faite sans heurts: « On se connaît mieux. Les vieux nous ont pris sous leur aile, donné confiance et laissé nous exprimer. Pendant les matches, il y a une grande solidarité entre nous. On se parle beaucoup. Et ça, c’est top » s’enthousiasme Victor qui va rechausser les crampons ce dimanche après avoir purgé sa suspension lors du match retour contre Les Angles, la mort dans l’âme.
Sa motivation est grande : « J’étais déçu de ne pas être sur le terrain. Contre Grenade, c’est un quitte ou double. Si on perd, tout s’arrête. Mais on a envie de rester le plus longtemps possible dans ce championnat de France. Au niveau de l’ambiance, de la pression, du soutien des supporters, c’est exceptionnel. »

Son fameux essai contre les Angles où Victor s’est occupé de tout, de la récupération du ballon jusqu’à l’essai entre les poteaux (photo Léana Verrière)

« La Fédérale 2, c’est excitant.
J’ai hâte d’y jouer, ça ne me fait pas peur. »

Quoi qu’il arrive, la saison aura été belle, l’empreinte laissée par ce groupe, indélébile. Avec des tournants majeurs, des matches mémorables. Victor Tinel a fait son choix : « En championnat, on avait pris une rouste contre Saint-Savin à l’aller et j’ai apprécié qu’on les corrige chez nous. Je retiens forcément notre grosse première partie de saison. On a montré qu’on pouvait taper très haut. Des gars sont montés de la réserve et nous ont apporté. Ça a créé une émulation. »
Et puis, en phases finales, il y a cet essai, le deuxième du RCAB en 16 es de finale, face aux Angles où Victor s’est chargé de tout : «C’est un plaisir personnel de marquer dans ce genre de match, ça a fait du bien à l’équipe et mal à l’adversaire. Quand tu bas une équipe invaincue, ça te positionne » résume l’im(pack)teur qui se prépare tranquillement au défi que vont lui proposer les joueurs de Grenade.
Vidéos à l’appui ? « La vidéo, c’est bien, mais honnêtement, ça ne me sert pas beaucoup pour me faire une idée de nos adversaires. Je regarde quand même comment ils défendent…» évacue t-il sans prétention.
Avant de se jeter dans l’arène de la Fédérale 2, à la rentrée : «  C’est excitant. J’ai hâte de jouer, de voir si on a le niveau mais ça ne me fait pas peur. J’attends de voir » Et de conclure, dans un clin d’oeil : « Avec un pack qui ne ressemble à rien, on s’en est pas mal sorti jusqu’à présent. Dimanche, on veut gagner mais surtout ne rien regretter. »

Une nouvelle fratrie au RCAB?

Jules Tinel, sous le maillot de l’Entente Loire Sud. Repéré par les recruteurs de Clermont, il y évolue aujourd’hui en Crabos.

Victor, en bas, au centre sous le maillot du CASE Rugby. Il arrive au RCAB en cadets 2e année. (photo DR)

Peut-être qu’une nouvelle fratrie viendra un jour rejoindre celle des Gaillard, Pandraud
et Soubeyrand dans l’histoire du club. Car Victor Tinel (ici à gauche tout jeune joueur du CASE rugby) a un frère, Jules, qui marche sur ses traces à grands pas. Licencié d’abord au RCAB, il a rejoint l’ASM Clermont où il joue cette saison en Crabos au poste d’ailier. On lui souhaite la plus grande réussite possible mais sait-on jamais…