Portrait : Loïc Devis, dans l’ombre du groupe senior

Loïc Devis dans la peau de l’éducateur, toujours dans l’idée de transmettre sa passion du rugby (photo Léana Verrière)

Au sein du groupe senior du RCAB, outre les entraîneurs et les joueurs, un certain nombre de chevilles ouvrières s’activent week-end après week-end pour permettre le bon déroulement des rencontres. Ce qui nécessite une préparation en amont que l’on ne soupçonne pas forcément.
Nous avons décidé de vous les faire découvrir en commençant par la partie administrative, domaine qui est dévolu depuis 2020 à Loïc Devis. Ses états de service au sein du club ont été multiples et variés, de joueur à éducateur en passant par responsable de l’école de rugby. (voir ci-dessous).
Un investissement de longue haleine, qui forcément a impacté sa vie de famille et l’a donc amené à vouloir changer un peu son fusil d’épaule, même si ce nouveau rôle lui impose d’être présent les soirs d’entraînement ainsi que les week-ends de matches.
Sur proposition du président Eric Trouillet, désireux de soulager les coaches de ces tâches fastidieuses, « Lolo » a donc endossé cette nouvelle fonction de responsable administratif du groupe senior. Une manière pour lui de « rester dans le club et proche du terrain ».
Accepter cette nouvelle mission, « c’était rester proche du jeu, des joueurs » d’un environnement qu’il aime et connaît bien. Il nous en livre le contenu : «  Je m’occupe d’abord en pré-saison de récupérer tous les documents pour faire établir les licences des joueurs » Et ce n’est pas une mince affaire !

Des fins de semaine très chargées

Au bord du terrain, à comptabiliser les essais, les pénalités, les cartons blanc, jaune et rouge. Un rôle ingrat mais indispensable. (photo Léana Verrière)

Ensuite, lorsque le championnat commence, débute un rituel bien établi : «  Dès le début de semaine, je commande les bus lorsque nous avons des déplacements de prévu. Je vois ça avec les coaches, pour les garçons et les filles, afin de connaître les horaires de départ qu’ils souhaitent. J’en profite pour appeler aussi les clubs qui nous accueillent pour qu’ils me communiquent les coordonnées de leurs restaurants partenaires. C’est un échange de bons procédés qui nous donnent des garanties sur la qualité de la restauration et de l’accueil. »
Ceci étant fait, « Lolo » se mue dans un rôle de contrôleur, cochant sur un listing les joueurs présents aux deux entraînements obligatoires des mercredis et vendredis. Dès 19 heures, il arpente le couloir des vestiaires de Baudras, à l’affût, stylo en mains, saluant les uns et les autres, un petit mot pour tout le monde, dissertant sur le match à venir. Avant de cocher les cases en bout de ligne.
Ce contrôle permet de quantifier l’assiduité aux entraînements de la bonne soixantaine de licenciés du groupe senior. Présence qui au passage a été remarquable malgré le Covid, les impondérables, les blessures…Et voilà qu’une fin de semaine chargée se profile avec l’avant-match et les deux matches du dimanche après-midi.
Un avant-match rempli d’obligations « protocolaires: invitations téléphoniques aux arbitres et aux délégués, aux dirigeants adverses afin qu’ils viennent partager l’immuable repas d’avant-match lorsque la rencontre a lieu à domicile : « C’est une manière de nouer un contact amical et de les renseigner si besoin » nous indique Loïc. Il est là pour les accueillir à Baudras le dimanche, avec d’autres dirigeants, Phillippe Bouchand, le président Eric Trouillet, Laurent Faure, responsable de la sécurité, parfois aussi Samir Zeboudji, sans oublier le désormais regretté David Richard.
Vient ensuite le moment le plus délicat, demandant concentration et vitesse d’exécution, surtout depuis que les tablettes ont remplacé les feuilles de match papier, que les données de la rencontre sont répertoriées en instantané pour être mises en ligne sur le site de la FFR.
Mais il y a un préalable à organiser en interne : « Tout d’abord, les coaches me fournissent leurs compos d’équipes, ce qui me permet de réunir les licences et de les mettre dans l’ordre. J’entre ensuite en contact avec les arbitres, les délégués des matches car je dois gérer les deux rencontres, celle de la réserve où il faut noter les changements de joueurs, les cartons, les essais, les pénalités, les transformations. Pour la Une, c’est le rôle du référent fédéral d’assumer cette mission, même si parfois, il nous demande de le suppléer. Dès le coup de sifflet final, on vérifie nos informations respectives avec les arbitres avant de valider toutes les infos sur le site de la FFR.
Je peux être amené entre autres à déposer une réclamation si un joueur adverse a doublé au-delà du match et demi permis (un joueur peut être aligné en réserve puis en équipe première mais son temps de jeu ne doit pas dépasser trois mi-temps lors d’une même journée). Mais cela n’est jamais arrivé. »

« C’est pour moi une autre manière
de vivre le rugby, sans jouer. »

Loïc Devis a aussi un devoir de réserve qu’il respecte à la lettre : « Je dois garder de la retenue. L’arbitre commet des erreurs comme les joueurs, on doit l’accepter. Car sans arbitre, pas de jeu.»
Mais là où il prend le plus de plaisir, c’est au bord du terrain où il vit le match de près et dans son rapport avec les coaches avec qui il échange au retour des matches, en sirotant une petite bière lorsque la victoire a souri au RCAB : « Je leur donne mon avis de « petit » joueur. C’est pour moi une autre manière de vivre le rugby, sans jouer. » Un travail capital apprécié par Clément Vidal: “Son travail nous soulage et on a l’esprit libre, juste à penser au terrain. On sait que tout sera bien fait.”
Désormais, il n’y a plus qu’à espérer une conclusion heureuse à une saison emballante : « Ce n’est pas fini mais je pense qu’on a les moyens de jouer les phases finales. On aura fait une bien belle saison si les deux équipes seniors se qualifient. Ce serait historique. » Une histoire à laquelle ce maillon indispensable de la chaîne apporte une contribution précieuse, dans l’ombre. Avec sérieux, compétence et enthousiasme.

Un Lolo multi-fonctions

Loïc Devis avec ses protégés lors d’un tournoi à Lavaur en 2011 avec en bas de gauche à droite, Victor Guillaumond, Mathys Verrière, Brice Meyer et son fils Youenn.

Les terrains de rugby, Loïc Devis a commencé à les fréquenter tout jeune, à Mably, dans le Roannais, avant de rejoindre le RCAB « juste après la Coupe du monde 2007 » pour y faire découvrir à son fils ainé, Youenn, les rudiments du ballon ovale.
De fil en aiguille, de saison en saison surtout, il a revêtu le maillot de joueur « première barre » précise t-il fièrement au sein de l’équipe senior qui venait d’être créée, puis d’éducateur avant de prendre en mains l’école de rugby, dont il a contribué à la structuration en menant à bien, entre autres, les deux dossiers de labellisation.
Puis, suivant le parcours de son fiston, il est devenu coach dans différentes catégories de jeunes des U9 jusqu’aux U19 « une belle génération » dont quelques-uns font aujourd’hui le bonheur du groupe senior, pendant que Victor Guillaumond fait les beaux jours du FC Grenoble en Pro D2.
Mais le besoin de souffler et de vivre sa passion rugbystique autrement s’est peu à peu fait jour. Et, avec la bénédiction de son épouse Fabienne, connaisseuse et passionnée de rugby, il a pris un nouveau cap.