Portrait: Guillaume Hervet, fidèle parmi les fidèles

Talonneur et pilier à la fois

Il adorait jouer pilier, son poste de prédilection, avant de passer au talon il y a quelques saisons, à la demande de Richard Levèque, l’un des anciens coaches du club. Il s’y est installé sans broncher.
Mais, en vérité, il reste un pilier, inamovible, au regard de sa longévité sous les couleurs du RCAB, au sein duquel il exerce ses talents depuis 2008. L’année même où l’équipe senior fut constituée,
«par amour des défis», il avait décidé de tenter l’aventure, après avoir fait ses armes, dès l’âge de 12 ans, dans le club de Rive-de-Gier.
Le moment était bien choisi puisque l’équipe fanion du RCAB allait gravir les échelons, saison après saison, trustant les titres de la quatrième à la première série. Guillaume « le conquérant » sera de toutes les finales, évoluera ensuite en Promotion d’Honneur, en Honneur et quelquefois en Fédérale 3 avant de mettre pédale douce pour s’engager dans un processus professionnel où il avait besoin de tout son temps pour réussir dans son entreprise.
Un accident du travail: une fracture de la jambe, l’éloignera bien des terrains durant plusieurs mois. Mais la passion du rugby est toujours là, comme un défouloir, un besoin de partager avec les copains, d’assouvir son amour du jeu.
Désormais, Guillaume Hervet est bien installé, comme au coeur d’une mêlée, mais il lui faut consentir beaucoup de sacrifices dans son métier d’agriculteur dans les Monts du Lyonnais, à Fontanes.
Lever à 5h 30 du matin et fin de la journée la nuit largement tombée. Ce qui ne l’empêche pas du haut de ses 37 ans de vouloir continuer à se faire plaisir avec la réserve andrézienne, parfois avec des gamins, dont les pères furent ses coéquipiers :
« J’ai eu pour partenaires Christophe Lagoutte, Loïc Devis, Eric Trouillet et maintenant, je me retrouve à jouer avec leurs fils. ça fait bizarre » rigole t-il. Tous ces jeunes qui ont rejoint le groupe senior depuis une ou deux saisons sont venus apporter du sang neuf à l’équipe réserve. Une arrivée massive qu’il voit d’un bon œil : « C’est très intéressant. Un club comme le nôtre doit vivre à travers sa jeunesse, les gars formés au club. Ils se connaissent très bien, jouent ensemble depuis longtemps et ont une mentalité club. Ça joue bien, c’est sérieux à l’entraînement et on prend du plaisir tous ensemble. »

Guillaume Hervet, 2e en partant de la gauche, ici lors du premier match de la réserve contre Buxy, apprécie de faire partager son expérience aux jeunes dont il apprécie le sérieux. (photo Léana Verrière)

«Chacun peut avoir sa chance
et ça crée une belle concurrence.»

Au point de faire oublier une dernière saison fastidieuse où entre blessés, suspendus et gars peu motivés, les résultats n’avaient pas été au rendez-vous. Là, au contraire, comme l’équipe fanion, les réservistes ont déjà remporté trois succès à Buxy, contre Cusset et à Moulins.
«  Le groupe s’est rajeuni. Il y a plus d’esprit de compétition et les coaches ne ferment la porte à personne. On est un groupe senior, chacun peut avoir sa chance et ça crée une belle concurrence. On prend du plaisir, vraiment, car la mentalité du club, c’est de produire du jeu. »
Dans cette belle dynamique, Guillaume Hervet joue son rôle sans en rajouter. Pas du genre à jouer les anciens combattants. Son bilan des cinq premiers matches est satisfaisant : «  A Buxy, on a gagné mais sans avoir trop de repères, contre Cusset notre victoire est logique. A Riom, c’est peut-être notre plus mauvais match. On a manqué d’expérience, d’un peu de vice mais ça s’apprend.
A Givors, on peut mieux faire, le score ne reflète pas ce qui s’est passé sur le terrain. On méritait mieux car on s’est envoyé, on a été solidaire. Et à Moulins, on fait surtout une grosse première mi-temps. On va dire que c’est notre plus belle victoire. »
Il y en aura sûrement d’autres si l’état d’esprit reste le même. Nul doute que le doyen y veillera quand l’heure de la reprise sonnera. En attendant, le travail ne manque pas à la ferme en cette période de vêlage : « Je ne dis pas que le confinement m’a arrangé mais j’avais pas mal de boulot et ça m’a permis d’avancer. » Tout en entretenant naturellement ses capacités physiques, histoire de répondre à l’attente de ses jeunes coéquipiers, le week-end, au premier rang de la mêlée. Conscient que longévité et exemplarité sont indissociables lorsqu’on est le doyen. Un rôle qui lui va bien.