Portrait: Bastien Champalle, la touche d’humour

“I’m playing in the rain” (jouer sous la pluie) n’est pas pour déplaire à Bastien Champalle. C’était au Creusot, il y a quinze jours. (photo Léana Verrière)

S’il fallait décrire de quelques mots Bastien Champalle, l’inamovible (ou  presque) talonneur de l’équipe fanion, on pencherait volontiers pour la célèbre citation: “on peut être sérieux sans se prendre au sérieux”
Si son implication, ses aptitudes rugbystiques font l’unanimité, au coeur de la mêlée comme en touche, chacun de ses coéquipiers vous dira qu’il est un autre homme dans la coulisse. Tous ou presque ont été la cible de son sens de l’humour,  de son aptitude à balancer une vanne, à “mettre une pièce” à un partenaire, à un moment que lui seul juge opportun.
Clément Vidal, qui fut son entraîneur en jeunes au CASE rugby, et à l’origine de sa venue au RCAB il y a deux ans le qualifie de “plus gros chambreur du groupe. Il n’a pas son pareil pour détendre l’atmosphère”. L’intéressé sourit quand on évoque le sujet, un sourire amusé aux bords des lèvres et de la malice plein les yeux:
” Dire une connerie qui fait marrer tout le monde, oui ça détend l’atmosphère et personnellement, ça ne m’empêche de rester concentré avant un match. Je ne prépare rien, ça vient instinctivement.”
Il n’en va pas de même du point de vue rugbystique. Il dit avoir beaucoup travaillé pour maîtriser toutes les facettes d’un poste à part. Il a vite endossé cette responsabilité, après s’être essayé à l’ouverture, au centre et comme demi de mêlée: ” J’aimais bien jouer 9 parce ça demande de la technique et une bonne vision du jeu.” confie t-il. Mais il est revenu à son premier amour, au poste de talonneur, parce que “c’est mon poste de prédilection.”

“La conquête, ça peut changer
la face d’un match.”

Concentré avant le lancer, son exercice préféré ( photo Léana Verrière)

Un poste à double responsabilités où après avoir poussé en mêlée, il faut changer de posture pour lancer en touche. “Les deux sont une responsabilité. Au talon, il faut avoir de la technique et du vice. Au lancer en touche, ça demande de la synchronisation avec les sauteurs. La conquête, ça peut changer la face d’un match, ça crée un peu de stress. Et puis, il y a la fatigue. Quand elle est là, on fait simple avec les “chefs”, Adrien (Tronchet), Clément (Petit). ”
Autre particularité du personnage: il adore faire la touche, un drapeau à la main ” parce qu’on reste prêt du jeu”. Là encore il fait usage de sa malice, titillant le public mécontent ou informant ses copains du placement des adversaires dans les rucks. Lors de l’un des matches à l’extérieur, l’un deux a envoyé le ballon en touche, croyant qu’un partenaire l’avait appelé pour qu’il lui fasse une passe! En fait, l’appel venait du rusé Bastien.

“En “Fed 2″, tu paies cash alors qu’en Fédérale 3,
le trou d’air était permis”

Surnommé “Cochon”, sans que nous ayons réussi à en connaître l’origine exacte, il est vrai que Bastien a du flair pour à la fois sentir les bons coups, semer le trouble en mêlée, aligner les lancers avec précision grâce, selon Clément Vidal “à une grosse qualité technique et une compréhension du jeu au-dessus de la moyenne.”
Il pourrait se poser en porte-bonheur, lui dont la venue a coïncidé avec la montée en Fédérale 2.
Son côté provocateur l’y invite mais il préfère parler “d’une super histoire avec les mecs qu’il a rencontrés, ceux qu’ils connaissaient déjà qui lui ont facilité l’intégration, des moments difficiles, de la raclée contre Le Puy, du succès à La Tour du Pin, tournant de la saison, des matches de phases finales où on nous promettait l’enfer, de ce match retour contre Les Angles où on gagne sur un fait de jeu et où on se dit “Mais où on va s’arrêter les gars?”
Bref, une saison forte en émotions, une accession qu’il faut digérer avant de se confronter à un autre monde: ” En Fed 2, tu paies cash alors qu’en Fédérale 3, le trou d’air était permis” résume t-il.

“A l’extérieur, il y a du monde qui vient nous voir.
On a besoin d’eux, vraiment!”

Mais sa nature optimiste l’a incité à croire que les deux premières défaites à Pontarlier, “42-19, c’est lourd mais c’est logique” puis Saint-Priest “on s’est accroché mais on a fait trop de fautes” ressemblaient fort à celles vécues en début de saison dernière. ” J’étais sûr qu’on allait enclencher” , la large victoire contre Saint-Claude venant regonfler le moral des troupes, ballottées entre un revers à Rillieux inattendu “on n’a pas respecté les consignes” et un succès tout aussi imprévu au Creusot “magnifique, la défense sur notre ligne”
Aujourd’hui, s’avance un autre écueil, Lons-le-Saunier, promu mal classé, où le RCAB se rend dimanche: ” On sera dans notre championnat du maintien lors des deux prochains matches et il faut bien sûr essayer de prendre le maximum de points. Jouer quatre matches à l’extérieur, ce n’était pas un cadeau. Mais on le savait. La victoire au Creusot nous a fait grand bien. A la fin de ce bloc, on aura une idée plus précise de ce que l’on est capable de faire.”
Le rendez-vous face au RC Metz le 13 novembre sera d’une autre nature car il se déroulera au stade Baudras, enfin: ” Il y a une grande impatience dans le groupe de retrouver notre stade. De tester la nouvelle pelouse. De jouer chez nous, devant notre public. A l’extérieur, il y a du monde qui vient nous voir et ça nous aide d’entendre leurs encouragements. On a besoin d’eux, vraiment!”

Prime jeunesse

Bastien Champalle a fréquenté quatre clubs depuis qu’il a découvert le rugby à 11 ans, au collège: le RCPG, le CASE devenu ensuite RCSE et enfin le RCAB. Quelques clichés de son apprentissage rugbystique. Ses deux fils Timeo (4 ans) et Cameron (2 ans) marcheront-ils sur les traces du papa?