De la graine de patron
Le jeune demi d’ouverture de l’équipe réserve raconte son intérêt pour ce poste stratégique qui requiert de la technique, le sens du jeu et de l’anticipation.
Il a bien tâté un peu du football, à l’ES Veauche mais l’expérience fut brève, il aurait pu prendre la relève de son père Patrick, excellent basketteur. Jules Thorron a choisi une autre voie, celle du ballon ovale à l’âge de huit ans, au nom de son amitié avec Aubin Relave, autre rugbyman de la nouvelle génération du RCAB. « On faisait du judo ensemble et il m’a incité à le suivre au rugby. J’ai débuté en moins de 8 ans et ça m’a plu d’être avec les copains. »
Les Alexis Bertrand, Brice Meyer, Antonin Badar, Mathys Verrière et autres sont toujours à ses côtés aujourd’hui dans les rangs seniors. Une belle aventure en commun parsemée de souvenirs. Des bons et un beaucoup moins plaisant que Jules a en mémoire. Une blessure sérieuse lors d’un entraînement va causer une belle frayeur à la famille toute entière : « C’était en juin, un des derniers entraînements de la saison . On faisait un petit match et sur un plaquage, j’ai subi un gros choc. Au final, j’ai eu trois vertèbres cassées et j’ai dû passer une semaine immobilisé, couché sur une planche, puis trois autres sans pouvoir bouger. »
“J’aime jouer à ce poste où on touche beaucoup de ballons,
où on a de la liberté et une influence sur le jeu”
Jules reprendra le chemin des terrains en février seulement, avec pas mal d’appréhension : « Au début, j’avais mal et donc un peu peur et puis, au fil des entraînements, je n’avais plus de douleurs. Les radios de contrôle étaient bonnes. J’ai retrouvé l’envie. »
Et le plaisir de retrouver son poste de prédilection, celui de demi d’ouverture. Là où il peut faire valoir sa vision du jeu, son adresse ballon en main et sa vista au pied : « C’est vrai que j’aime jouer à ce poste où on touche beaucoup de ballons, où on a de la liberté et une influence sur le jeu » explique t-il.
Un poste de responsabilité qui lui convient bien et qu’il assume avec cran avec l’équipe réserve qu’il a rejointe en début de saison avec toute une flopée de ses jeunes équipiers, « passés » en senior. « C’est plus facile avec tous les potes. On se connaît bien, on se concerte, on communique… et on s’engueule. Mais comme on est potes en dehors, ça s’arrange. » Notamment avec son 9 : « Notre connexion est primordiale pour l’équipe. Avec Mathys (Verrière), on joue ensemble depuis trois ans et si l’un fait un bon match, l’autre aussi. On est dépendant l’un de l’autre. Parfois, j’ai envie de le « tarter » (rires) quand il tente un truc individuel mais il y a des fois où ça marche. Et puis, il a une bonne qualité de passe.» plaisante Jules qui a pris du galon, au fil des matches.
Intronisé capitaine lors de la rencontre à Givors, il en a découvert les obligations : « Il faut parler à l’arbitre, le brosser dans le sens du poil, communiquer. » se marre t-il. Mais l’adversaire, lui, n’est pas là pour faire de cadeaux : « J’ai été ciblé d’entrée par les vieux briscards d’en face. » Et puis, il faut aussi savoir respecter la hiérarchie au sein de sa propre équipe « Il y a une manière de dire les choses aux plus anciens » précise Jules, du haut de ses 19 ans et de son mètre 86.
Grand par la taille donc, mais aussi par le talent. Celui de la gestuelle acquise lors d’interminables parties de basket avec son père basketteur; du jeu au pied, qu’il travaille pour « mieux buter et améliorer son jeu d’occupation » ; et de la vision du jeu qui devrait lui permettre d’ici quelque temps de postuler à une place en équipe fanion, comme pas mal de ses copains l’ont fait, au nom de la concurrence active instaurée par les coaches Clément Vidal et Matthieu Llari. Il s’y prépare. Il a quand même noté que l’échelon au-dessus nécessitait « d’anticiper, de préparer, de prévoir. » Lui, on dirait qu’il a déjà tout prévu…