Aussi bien dans la vie que sur un terrain de rugby, Jérémy Collet est un garçon stylé. Clément Vidal, son ancien coéquipier au CASE et aujourd’hui son coach dit de lui qu’il est « à la fois un joueur polyvalent, constant dans les performances et doté d’une technique au-dessus de la moyenne » Il a aussi le don de l’exactitude, il est même en avance au rendez-vous que nous lui avons fixé au siège du club ce vendredi soir.
Alors que s’approche le grand rendez-vous avec le COP, le premier centre du RCAB ne semble pas être encore entré dans le vif du sujet. A 29 ans, il a suffisamment baroudé de Besançon à Andrézieux en passant par l’ASVEL, le CA Saint-Etienne et Annonay pour ne pas perdre de l’énergie inutilement. Les Ponots, ils les a déjà rencontrés et se souvient leur avoir fait quelques misères : « Une année, avec le CASE, dans un match capital, on les bat en fin de rencontre de deux points. Ils sont descendus, et nous nous sommes montés en Fédérale 2. J’ai souvenir d’un autre bras de fer, là avec Andrézieux. On finit à 14 contre 15. C’est un souvenir d’hommes… conclut-il dans un sourire pour bien nous faire comprendre que ce fut une belle partie de manivelles.
Il ne devrait pas en être autrement ce dimanche après-midi. Le Puy arrive en leader à Baudras. Avec une réputation et un début de saison tonitruant : « C’est une équipe très complète. Les scores de leurs matches indiquent leur valeur. Ils ont fait une grosse recrue (le Namibien Kotze) qui leur apporte un plus et met la pression sur l’adversaire. Je ne les attendais pas forcément là. En revanche, je sais qu’il faut compter sur eux. C’est un client et du même coup, un sacré challenge pour toute notre équipe. » décrypte l’un des tauliers les plus influents de la ligne d’arrières du RCAB, qui l’air de rien, a bien analysé le jeu des Altiligériens : « Ils savent gagner sans se faire peur. Ça score sur la moindre faute. Il va falloir se méfier, être disciplinés » prévient-il.
“Moi, j’y crois”
Respecter l’adversaire sans faire de complexe d’infériorité, c’est ce qui transpire malgré tout du discours de Jérémy, capable d’occuper quasiment tous les postes des lignes arrière mais pour l’heure fixé à celui de centre, numéro 12 dans le dos : « La victoire contre le Rhône Sportif nous a enlevé la pression et permis de sortir du fond du classement. Ensuite, la bonne première mi-temps contre La Tour du Pin nous a rassurés. On avait pris un bon coup de pied au cul contre Saint-Savin et dès lors, il y a eu plus d’investissement.»
Le collectif andrézien a pris son élan, tout en créant une dynamique que Collet et ses pairs entendent bien faire perdurer, face au COP : « Je ne vois pas ce match comme un derby, il y a juste l’idée de rencontrer une grosse équipe, de jouer tous les coups, de saisir notre chance. Moi, j’y crois » conclut notre interlocuteur qui est un peu le symbole de la philosophie de jeu de l’équipe fanion du RCAB, meilleure marqueuse d’essais de la poule et qui ne veut pas se renier face au leader : « Envoyer du jeu, c’est la philosophie qui nous convient et quand on est tous d’accord sur le jeu à pratiquer, ça aide. Dans cette poule, ça va se jouer à rien, chaque point va compter. On a un potentiel de fous, devant, c’est dynamique et en attaque, on sait faire. Clément (Vidal) et Matthieu (Llari) ont le mérite de mettre tout ça en musique.»
“Etre sérieux, disciplinés et jouer
sans en faire des caisses”
Voilà pourquoi Jérémy Collet se sent bien dans cette équipe, ses prestations en attestent, et attend avec impatience mais sans empressement cette belle confrontation, après avoir galéré tout la saison précédente à soigner une blessure à la cheville et à attendre ensuite que le rugby reprenne ses droits : « J’ai vécu une saison vierge, et reprendre après une année sans contact « même si je suis plus à l’aise dans l’évitement », sourit-il malicieusement, ce n’est pas simple. Aujourd’hui, le plaisir est là. Je m’éclate. Je suis polyvalent et j’aime bien avoir à m’adapter. Tant que je ne suis pas le remplaçant idéal… »
Sans trahir de secret, il nous étonnerait fort que dans un match de cette importance, Clément Vidal et Matthieu Llari se privent d’un garçon de son expérience et capable de faire pencher la balance sur un geste de classe. Lui a les pieds bien sur terre et plante le décor : « Il ne faudra pas vouloir trop en faire, ça, c’est le piège. On devra être sérieux, disciplinés et jouer au rugby sans en faire des caisses. Et puis, on est chez nous ! » Cela aura son importance.