C’est dans une atmosphère studieuse que Clément Vidal a préparé ce match pas comme les autres de 32 es de finale de championnat de France face à Couches, club de Saône-et-Loire, qui sera l’hôte du RCAB, ce dimanche après-midi au stade Baudras. A l’occasion de ce match aller, le coach andrézien nous parle des ambitions de son équipe à l’aube de cette nouvelle aventure, née d’une saison régulière réussie, la plus significative du club depuis qu’il fréquente la Fédérale 3.
Vous êtes restés trois semaines sans jouer pour bien préparer ces 32es de finale. Quelles ont été vos priorités ?
On a d’abord laissé une semaine complète de repos aux joueurs qui sortaient d’un gros mois de compétition avec quatre matches difficiles. On les a laissés souffler physiquement comme mentalement afin qu’ils retrouvent de la fraîcheur. L’objectif de la seconde semaine était de les faire courir, transpirer sans mettre trop d’intensité et cette semaine, on a remis le bleu de chauffe avec des séances courtes et intenses pour se réhabituer au rythme, à l’intensité de la compétition. En y mettant l’engagement nécessaire par rapport à ce qui nous attend. Et pour vendredi, on a préparé une petite séance vidéo, comme on l’a fait pour tous les matches de la saison régulière, tout en mettant en place une stratégie de jeu.
“On se donne le droit de rêver, de se dire :
pourquoi pas nous ?”
C’est une nouvelle compétition à élimination qui commence. Très différente de la saison régulière ?
La grosse différence avec le championnat, c’est qu’en une semaine, tu peux avoir fini ta saison ! En saison régulière, tu affrontes le même adversaire deux fois aussi mais dans un laps de temps beaucoup plus long. Là, tu n’as pas vraiment le temps de progresser entre les deux matches. Il te faut tout faire le mieux possible en l’espace d’une semaine car il n’y a pas de rattrapage possible, aucune marge d’erreur pratiquement. Il faut être pragmatique, efficace, c’est ça la clé !
Le club est néophyte dans ces phases finales. Du coup, quel est votre objectif ?
Ce serait mentir que de dire qu’on ne voudrait pas aller au bout. Toutes les équipes pensent la même chose même si on sait qu’il n’y aura qu’un élu parmi les 64 équipes en lice. Il ne faut pas forcément se donner de limites, juste jouer pour gagner en attendant le verdict du terrain. On se donne le droit de rêver, de se dire : pourquoi pas nous ? Après, si on veut être réalistes, le premier objectif est de passer un tour, ce qui nous ouvrirait des perspectives.
Jouer l’aller à domicile, est-ce un inconvénient ?
Oui, dans le sens où tu as un peu le couteau sous la gorge. Il faut essayer de faire mal à ton adversaire car si tu perds ce premier match, que tu te loupes, tu réduis tes chances de te qualifier. Tu as une pression supplémentaire sur les épaules forcément. Car tu ne sais pas vraiment à quoi t’attendre au retour : le contexte, la pression du public, l’arbitrage, il y a plein de facteurs que tu ne maîtrises pas !
En championnat, vous avez réalisé quelques performances notables à l’extérieur. Cela peut vous aider dans votre approche du match retour ?
On a battu Ampuis, La Tour-du-Pin, Givors, le Rhône Sportif, fait le nul à Aix-les-Bains et pris des bonus défensifs ici et là. Donc, oui, on a des armes, offensives notamment, qui doivent nous permettre d’inquiéter nos adversaires . Le plus important est d’arriver à trouver le juste milieu : ne pas renier nos principes de jeu tout en canalisant notre fougue, se montrer un peu moins fou-fou et être efficaces sur nos points forts. Ce qu’on avait parfaitement su faire à la Tour-du-Pin en scorant dans nos temps forts. Dans notre effectif, il y a pas mal de jeunes joueurs pour qui ce sera une première, un apprentissage des phases finales. On est là aussi pour apprendre.
Que savez-vous de l’équipe de Couches ?
Qu’ils ont fini 2es de poule, comme nous. Ce sera du 50-50. Après, comme tout le monde, on est allé à la pêche aux infos, aux vidéos.
Des néophytes mais aussi des habitués
Clément Vidal dit vrai lorsqu’il fait remarquer que bon nombre de ses titulaires vivront leur baptême du feu en phases finales dimanche. Notamment la jeune garde avec les Gaillard, Tinel, Meyer, Soubeyrand, Relave, Souchon…
Mais d’autres ont eu la chance d’en disputer sous les couleurs du CASE rugby. Parmi eux, les coaches Clément Vidal et Matthieu Llari, ainsi que des joueurs cadres comme Adrien Tronchet, Jérémi Collet, Vincent Renaudier, Bastien Demas, Clément Minelli, Eric Grisel (actuellement blessé).
Thierry Séauve, notre collègue et ami journaliste sportif à La Tribune-Le Progrès, qui a suivi les pérégrinations du club stéphanois pendant sept saisons nous a rendu visite dernièrement pour nous faire part de ses souvenirs. L’occasion de se rappeler d’excellents moments vécus lors de ces phases finales.
Son premier propos dit tout de leur particularité : «On ressent des choses qu’on ne vit pas dans une saison régulière. L’enjeu est particulier, le public le ressent et tout cela est propice à la fête, au suspense. Il faut surtout ne pas perdre à domicile, sinon, c’est pratiquement cuit » et d’enchaîner : « A une époque, avant le début du championnat, tu connaissais la poule de l’adversaire que tu risquais de rencontrer en phases finales. C’était déterminant, car tu pouvais le surveiller, décrypter ses forces et ses faiblesses tout au long de la saison. » Ce n’est plus le cas aujourd’hui !
Il se rappelle aussi d’un fait de jeu lors d’un barrage de phase finale qui avait déclenché un intérêt populaire inédit auprès du CASE rugby :
« Alexandre Péclier (buteur de talent) avait réussi un drop extraordinaire de près de 60 mètres. Le match se déroulait à Bédarrides, contre Nice. Cet exploit avait permis à son équipe de se qualifier et d’accéder ensuite en Pro D2. Ce fut un élément déclencheur de leur parcours. »
L’occasion est belle de lui demander son avis sur ceux qui ont troqué leur maillot vert pour une tunique bleue, il y a maintenant plusieurs saisons. Attention, les éloges pleuvent : « Clément (Vidal), c’était l’équipier modèle au poste de troisième ligne, énormément précieux dans le vestiaire et chouchou du public. Lorsqu’il était remplaçant et que ça tournait mal pour son équipe, les spectateurs hurlaient : « Faites entrer Mazam! »
Matthieu Llari a une belle cote aussi : « Lui, il a connu mille et une vies au CASE rugby. C’est l’enfant du club et un excellent demi de mêlée.”
Notre spécialiste estime que Clément Minelli « a fait partie de la génération sacrifiée par le dépôt de bilan », Jérémi Collet nous est décrit comme ” le gendre idéal, un corps bien fait dans une tête bien faite, omniprésent au centre », Vincent Renaudier comme un “redoutable marqueur d’essais, un détonateur, débloqueur de situations par des fulgurances”, Eric Grisel comme “un joueur important au sujet duquel Lionel Grand (directeur du centre de formation puis manager général du CASE) ne tarissait pas d’éloges » tandis que les frères Pandraud avait déjà attiré l’attention du même Lionel Grand qui « comptait s’appuyer sur le talent des jumeaux à l’avenir »
Et qui d’autre qu’Adrien Tronchet pouvait boucler la boucle de ces louanges: “Adrien, c’est le grand frère par la taille et l’attitude, l’abnégation, la présence. Je l’ai vu débuter contre Nîmes et il m’avait dit à la fin du match: “C’est pour ça que je pratique le rugby.” Il ne reste plus qu’à souhaiter que leur expérience pèsent dans la balance de ces 32es de finale…