Entretien avec Clément Vidal

« Reprendre serait dangereux »

Comme tout le monde ou presque, le coach de l’équipe première du RCAB, est confiné depuis une bonne
semaine dans son appartement du quartier de La Métare à Saint-Etienne. S’il se tient en forme, fini le
rugby, les entraînements, la préparation des matches, le suivi des équipes pour le moment. Le club a mis
son salarié au chômage partiel.
Ce mardi, en début d’après-midi, nous l’avons joint au téléphone pour connaître son ressenti. L’occasion
de parler ballon ovale, des conséquences du Coronavirus sur le championnat de Fédérale 3 qui, selon lui,
ne devrait pas reprendre dans sa phase régulière pour, peut-être, laisser place aux phases finales en juin.

Une rumeur fait état d’un arrêt des compétitions de Fédérale 1, 2 et 3. Qu’en est-il exactement ?
Avez-vous des informations à ce sujet ?

C’est en effet une rumeur qui date de vendredi dernier, une source émanant de la FFR faisait savoir que
tous les championnats fédéraux seraient arrêtés. Mais il n’y a rien d’officiel. La Fédération a envoyé un
mail aux licenciés pour démentir cette information. Même si je crois que ça fait partie des options
envisagées. Tout va dépendre de l’échéance du Coronavirus. Je pense qu’on est reparti pour quinze jours,
ou plus.

Pas trop difficile, la vie sans rugby ?

Si. Les joueurs, les entraînements, les matches nous manquent mais dans une situation pareille, le rugby
n’est pas le plus important. Ce qui l’est, c’est de sortir de cette merde pour pouvoir remettre les pieds sur
un terrain de rugby.

« Il faudrait compter deux à trois semaines de réathlétisation avant de pouvoir rejouer un
match en compétition. »

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« Les joueurs, les entraînements, les matches nous manquent mais dans une situation pareille, le rugby
n’est pas le plus important. « reconnaît Clément Vidal (photo Léana Verrière)

Vous pensez que c’est faisable ? Vous deviez finir le championnat le 26 avril ?

Si on est confiné jusqu’à début mai, la saison sera réglée. Je pense que la Fédération a plusieurs options à
l’étude : arrêter la saison en l’état, garder des dates pour pouvoir faire disputer les phases finales avec les
quatre premiers de chaque poule. Ou tout annuler. Tout dépendra de la fin du confinement.

L’idée de reprendre la compétition paraît peu pausible, alors que vos joueurs auront arrêté la
saison plus d’un mois, non ?

Ça paraît impossible de remettre un joueur de rugby sur le terrain, trois jours après la fin du confinement.
C’est trop dangereux. Il faudrait compter deux à trois semaines de réathlétisation avant de pouvoir rejouer
un match en compétition.

Il vous reste cinq matches à jouer. Ça veut dire que la saison était arrêtée, votre maintien serait
assuré ?

Effectivement mais il n’y a encore rien d’officiel. Il se dit qu’il ne pourrait y avoir aucune descente,
que les Ligues vont essayer de garder leurs phases finales en Honneur et qu’elles songeraient à passer à
16 poules de Fédérale 3, au lieu de 14 actuellement, avec 12 équipes par poule. Mais ce ne sont que des
rumeurs. Ils vont peut-être nous demander de finir le championnat sur mi-juin. On n’en sait rien. C’est un peu compliqué.

Qu’en disent vos joueurs ?

On ne sait pas ce qu’il va advenir. C’est l’inconnu. Je leur ai fait passer un programme de travail mais
dans ces circonstances, il est difficile d’être motivés. Tout dépend de chacun. On a des joueurs qui
travaillent, d’autres sont étudiants, tout le monde n’est pas à la même enseigne.

Vous pensez déjà à la saison prochaine ?

On peut avoir des pistes de travail mais tant qu’on aura pas de décision officielle au sujet du championnat,
on ne peut pas trop se projeter. Pour le moment, c’est compliqué. Si le championnat s’arrête là, on sera
sauvé. Mais ça reste incertain. On aimerait avoir une réponse rapide de la Fédération. Qu’elle acte sur le
sort des championnats fédéraux. En Angleterre, ils ont tout annulé, sauf la Premiership, l’équivalent du
TOP 14 . A mon avis, reprendre serait dangereux. Si on reprend trop tôt, on pourrait relancer l’épidémie.
Les joueurs ne seraient pas prêts, ni physiquement, ni moralement. La Fédération ne prendra aucun risque
avec la santé des gars.