Est-ce une coïncidence ou le simple fait du hasard mais au fil des trois rendez-vous que nous avons donnés aux trois fratries du groupe senior : celles des Gaillard, puis des Pandraud et ensuite des Soubeyrand, sourires épanouis, bonheur d’être ensemble et complicité sans artifice furent une agréable constante.
Avant de les rencontrer, nous n’avions pas de doutes sur le fait que les frangins Soubeyrand valideraient le proverbe « jamais deux sans trois » sans avoir à forcer leur nature. Tout sourires, un rien taquins, l’aîné, Thibaut, et son cadet Romain nous ont raconté leur plaisir de faire partie du groupe senior du RCAB, d’évoluer parfois ensemble en équipe fanion. Thibaut en est un titulaire à part entière, Romain y a été titularisé une fois et aspire à y retourner plus souvent.
Tous les deux sur l’aile, l’un à gauche, l’autre à droite, avec une idée majeure en tête : marquer des essais. C’est ce qu’il préfère l’un et l’autre et ce qu’ils savent faire le mieux depuis qu’ils ont goûté au ballon ovale dans les rangs du Haut-Pilat Rugby, avec les frères Gaillard. Romain s’est d’abord adonné au football, comme Alain, le papa, mais a fini par suivre le chemin de son frère aîné.
Il est temps maintenant de faire les présentations du duo de voltigeurs : Thibaut est donc l’aîné, et du haut de ses 23 ans, tient à son rang. Il charrie gentiment Romain, son cadet de trois ans, lorsqu’on évoque la taille et le poids des deux garçons.
Thibaut est un tout petit peu plus grand et costaud (84 kg pour 1,83m) que son frérot (83 kg pour 1,80m) qui lui donne le change au moment où il est question de trancher sur celui de ces deux sprinters qui est le plus rapide : « ça se joue sur le démarrage, et au final, j’ai toujours un petit mètre d’avance » argumente Thibaut, qui reconnaît quand même que Romain est « plus explosif et a une double accélération »
«Marquer, c’est l’objectif. Faire une différence,
être un détonateur, créer des brèches»
Lequel Romain fait remarquer à juste titre que c’est sa première saison à ce niveau, qu’il a besoin d’apprendre, au contact entre autres de son frère, avec qui c’est la première fois qu’il se retrouve dans la même catégorie, et parfois dans la même équipe. Chacun sur son aile, l’un sur le flanc gauche (Romain), l’autre côté droit (Thibaut), même si le positionnement sur le terrain n’est pas la priorité:
« Marquer, c’est l’objectif. Faire une différence, être un détonateur, créer des brèches » Et pour finir aplatir le ballon dans l’en-but. Un plaisir quasi jouissif que Thibaut a connu à six reprises cette saison, ce qui en fait le meilleur marqueur d’essais du club, à égalité avec Antoine Pandraud ! « Il faut bien qu’il y en ait un qui brille ! » rigole Romain qui de son côté en a inscrit quelques-uns en réserve (dont un magnifique dernièrement face au Rhône Sportif où parti de son camp, il a filé seul à l’essai) montrant des aptitudes qui lui ont permis de goûter au plaisir d’évoluer en Fédérale 3.
Il a conscience que son évolution est en cours et se félicite de l’atmosphère qui règne dans le groupe, idéale pour progresser : « J’apprécie l’ambiance rugby et hors rugby, on a fait un super stage en début de saison et mon intégration s’est bien passée. Les gars d’expérience m’ont donné des conseils, en plus, il y a pas mal de copains avec qui j’ai joué les saisons précédentes en équipes de jeunes. On s’entend bien. Tout le monde a sa place dans ce groupe intergénérationnel. »
Quant au moment où les Soubeyrand se trouveront chacun à une extrémité de la la ligne d’arrières de l’équipe première du RCAB, il ne paraît pas si loin : « J’ai ça en tête. C’est une question de temps » estime Romain qui a un bon exemple à suivre : « Je m’inspire de ce que fait Thibaut », lequel a un modèle du nom de Vincent Clerc, l’ancien ailier du Stade Toulousain.
Jouer au même poste implique forcément une concurrence. Loyale ou déloyale ? « Il n’y a pas de frustration entre nous, on parle pas mal de nos matches, de ce qu’on a fait de bien, de moins bien» assure Thibaut qui, droit d’aînesse oblige, regrette que Romain « un peu tête de mule, n’écoute pas ses conseils », avisés bien sûr. « Sur le moment, je ne suis pas d’accord, mais après réflexion, j’en tiens compte » rectifie le mis en cause.
Au final, comme les Gaillard et les Pandraud, les Soubeyrand forment un beau duo dont les coaches, Clément Vidal en tête, pensent le plus grand bien : « Ils ont le même profil, ce sont des ailiers purs, des finisseurs, des joueurs racés et athlétiques, capables d’effacer leurs adversaires et de franchir la ligne. » Seul inconvénient à cet appétit féroce, ils oublient de temps à autre de fournir des provisions à leurs partenaires : « Ils sont obnubilés par l’idée de marquer alors que parfois, il y a la possibilité de donner le ballon. Ils doivent progresser en cela, avoir une vue plus périphérique sur les soutiens s’ils veulent franchir un cap. »
“C’est vrai, on est des coffres à ballon. On voudrait faire des passes
mais on ne peut pas. On n’a pas les mains pour…”
Une remarque que les deux garçons admettent parfaitement, avec une fine pointe d’humour : « C’est vrai, on est des coffres à ballon. On voudrait faire des passes mais on ne peut pas. On n’a pas les mains pour… » s’amusent-ils de concert. Les deux retrouveront leurs sérieux en même temps que le terrain dimanche après-midi pour y affronter Aix-les-Bains, dans un match d’envergure que Thibaut a déjà en tête : « A l’aller, cette équipe était en rodage. Je pense que c’est la meilleure équipe de la poule du point de vue des individualités. »
Le RCAB lui opposera un collectif bien huilé et ambitieux, sans être prétentieux : « Il ne faut pas se reposer sur nos acquis. On y croit (à la qualification pour les phases finales). On a le groupe pour. On a une bonne philosophie de jeu. On aime jouer et prendre du plaisir. »
Et en donner avec déjà 44 essais marqués auxquels Thibaut pourrait bien venir ajouter une ou deux unités ce week-end. Sous l’oeil de Romain, qui finira, tôt au tard, par rejoindre le groupe de Fédérale 3. C’est juste une question de temps…